La région appelée « Haut-Karabagh », en arménien « Artsakh », est depuis la haute Antiquité partie intégrante de l’Arménie. Sa capitale, Chouchi, second centre de l’imprimerie arménienne hors de la diaspora (1828), a toujours eu une intense activité culturelle.

Claude Mutafian
L’Artsakh comptait également une minorité de « Tatares », nom de la population majoritaire en bordure de la Caspienne. Au début du xixe siècle, toute la région au nord de l’Araxe a été annexée par l’Empire russe, sous le nom global de « Transcaucasie ».
La révolution bolchévique de 1917 laissa la place libre à trois peuples : d’ouest en est, les Géorgiens, les Arméniens et les Tatares. Trois républiques s’autoproclamèrent, dont la troisième, avec sa capitale Bakou, usurpa le nom « Azerbaïdjan » qui avait toujours désigné la province septentrionale de l’Iran, autour de Tabriz, au sud de l’Araxe.
Encouragé par les Britanniques, qui avaient obtenu le mandat sur la région à la suite de la Grande Guerre, l’Azerbaïdjan revendiquait l’Artsakh et détruisit Chouchi en avril 1920, massacrant sa population arménienne.
Le pouvoir soviétique s’imposa bientôt en Transcaucasie, il se chargea de délimiter des frontières entre les trois républiques désormais soviétiques ; selon le classique adage ‘diviser pour régner’, il attribua en juillet 1921 le Karabagh à l’Azerbaïdjan, avec toutefois un statut de ‘Région autonome’. Malgré tous les efforts de Bakou, la population arménienne y resta majoritaire, et peu avant la chute de l’URSS, en février 1988, le parlement soviétique du Karabagh vota à une large majorité et en toute légalité le rattachement de cette ‘Région autonome’ à Erevan, ce qui enclencha un vaste mouvement populaire en Arménie. Bakou refusa cette décision et répliqua immédiatement par des pogroms qui vidèrent totalement, en 1990, la forte minorité arménienne de l’Azerbaïdjan.
En 1991, à la suite de la chute de l’URSS, l’Artsakh proclama son indépendance. Bakou lança alors une attaque militaire pour reprendre le contrôle de la région, mais l’Arménie sortit victorieuse du conflit et l’Azerbaïdjan dut accepter, en 1994, un cessez-le-feu qui laissait à son adversaire tout le Karabagh, et même des régions attenantes.
Durant des décennies, les efforts du ‘Groupe de Minsk’, réunissant les puissances mondiales, échouèrent à instaurer la paix, et après plusieurs tentatives militaires sans succès, dont la dernière en avril 2016, l’Azerbaïdjan, ouvertement soutenu par la Turquie, vient de lancer une nouvelle attaque, de grande envergure en 2020.
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