Antoine Agoudjian : une mémoire arménienne – Arte Reportage

ArteTV – 20 min – Disponible jusqu’au 27/07/2028
Réalisation Laure Isenmann
https://agoudjian.fr/

D’Erevan, en Arménie, où fut commémoré en 1989 le pogrom de Soumgaït perpétré par les Azerbaïdjanais, à Antioche dans les décombres de la basilique détruite par le séisme de 2023, Antoine Agoudjian a photographié son héritage mémoriel. Ce descendant de rescapés du génocide arménien commente pour ARTE une série de clichés où l’histoire percute l’actualité.

ArteTV – 20 min – Disponible jusqu’au 27/07/2028
Réalisation Laure Isenmann

https://agoudjian.fr/

ArteTV – Le dessous des images – Stepanakert la ville fantôme

ArteTV – 11 min – Émission du 06/03/2024 – Disponible jusqu’au 05/02/2029
Présentation Sonia Devillers

En septembre 2023, l’Azerbaïdjan lance une offensive éclair dans le Haut-Karabakh entraînant la fuite de l’ensemble de la population locale. Sur la place principale de la capitale, le temps semble s’être arrêté, seuls les objets demeurent pour dire ce qui n’est plus.  

Au lendemain de l’assaut azerbaïdjanais, la place de Stepanakert, capitale du Haut-Karabakh, révèle un décor postapocalyptique. Chaises disparates, poussettes renversées, vestes oubliées… : la place atteste du départ précipité de milliers de personnes. Le 2 octobre 2023, Osama Bin Javaid, envoyé spécial d’Al Jazeera à Stepanakert, capture ce paysage de désolation. Il nous raconte l’histoire de ce cliché surréaliste. Guillaume Yverneau, historien, analyse comment ces objets abandonnés, témoins de la catastrophe, possèdent une fonction mémorielle.

ArteTV – 11 min – Émission du 06/03/2024 – Disponible jusqu’au 05/02/2029
Présentation Sonia Devillers

Le mont Ararat – Émission de TV F2 diffusée jeudi 9 mai 2024 – 9h00

Avec la participation Jean-Pierre Mahé (historien), Philippe Sukiasyan (Historien), Astrid Artin Loussikian, Houry Varjabedian et Garo Derderian (Association ARAM à Marseille) et Marc Soukiassian (Alpiniste)

Replay sur FranceTV2

Cliquer sur l’image pour la vidéo

L’Ararat est selon les Écritures Saintes le lieu où l’arche de Noé s’est échouée après le déluge dans la Genèse. Saint Jacques de Nisibe a gravi au IVe siècle, une partie du mont et reçu, après une vision d’un ange, un morceau de l’Arche de Noé lui est apporté. Cette relique est toujours conservée à Etchmiadzine, le Saint Siège de l’Église Arménienne.

La Montagne située au cœur de l’Arménie historique est aujourd’hui située en territoire turc. Pourtant de l’autre côté de la frontière, en Arménie, c’est le symbole de la terre biblique chrétienne arménienne. Même pendant l’époque soviétique le blason de la république soviétique était l’Ararat !

Cette « montagne sacrée » est l’âme et la fierté des arméniens. Dans chaque foyer à travers le monde on en trouve une représentation. Ils l’appellent « le Massis ».

Quelle est l’histoire religieuse de cette montagne ? Que représente la symbolique de ce somment dans l’histoire et l’aujourd’hui du peuple arménien ? comment s’exprime son aspect populaire ? Que ressent un arménien lorsqu’il en fait l’ascension ?

Avec la participation Jean-Pierre Mahé (historien), Philippe Sukiasyan (Historien), Astrid Artin Loussikian, Houry Varjabedian et Garo Derderian (Association ARAM à Marseille) et Marc Soukiassian (Alpiniste)

Documentaire – du Jeudi 9 mai 2024 – 9h00 (horaire inhabituel) – France 2 – de Thomas Wallut et Guillaume Juherian (réalisation).

Entretien. « On n’a jamais vu un mouvement populaire comme celui-là en Géorgie »

À l’approche des élections européennes, le combat pour l’Europe se déroule de nouveau loin d’ici. Depuis quelques semaines, la Géorgie, qui a reçu le statut de candidat à l’UE il y a un an, assiste à un soulèvement civil contre son gouvernement pro-russe, défendant les aspirations européennes exprimées de longue date par la nation géorgienne. Des milliers de personnes descendent dans les rues pour protester contre la nouvelle loi qui désignerait toutes les ONG et les médias recevant des fonds de l’étranger comme des « organisations exerçant une influence étrangère », tout comme dans la Russie de Poutine, et qui mettrait ainsi fin au rêve européen de la Géorgie.

Charlie Hebdo – Mis en ligne le 6 mai 2024

Notre chroniqueuse Inna Shevchenko a interrogé Marika Mikiashvili, militante et membre de l’opposition, sur l’évolution de la situation en Géorgie, où les manifestations ne faiblissent pas.

Charlie Hebdo : Durant le week-end, des images impressionnantes ont été diffusées depuis les rues bondées de Tbilissi par les manifestants. Pouvez-vous nous décrire ce qui se passait dans la ville ?

Marika Mikiashvili : J’ai passé tout le week-end dans ces manifestations et je pense qu’il est devenu impossible de les arrêter. Comme elles se poursuivent depuis des semaines, le gouvernement a décidé d’annoncer un long week-end de Pâques dans l’espoir que de nombreuses personnes quittent la capitale. Mais les citoyens ont d’autres ambitions. Parallèlement au rassemblement devant le parlement, où se déroulent habituellement toutes les manifestations en Géorgie, un grand groupe de manifestants a bloqué la place des Héros à Tbilissi, où ils ont été attaqués par la police.  Des milliers de personnes ont commencé à marcher vers la place des Héros pour les soutenir. Cela a entraîné un blocage total de la ville.

Nous avons crié : « Toutes les routes doivent être bloquées, sauf la route vers l’Europe ! » Vous voyez, le mouvement contre le gouvernement est maintenant très large, il est décentralisé et autonome. On n’a jamais vu un mouvement populaire comme celui-là en Géorgie.

J’ai remarqué que de nombreux manifestants utilisaient des symboles nationaux ukrainiens. Peut-on parler d’un Maïdan géorgien ?

C’est une comparaison naturelle pour vous c’est vrai, mais en Géorgie, nous évitons ce genre de comparaisons, car elles permettent à la propagande gouvernementale de montrer les manifestants comme des provocateurs qui cherchent le sang et la guerre.

Mais pour ce qui est des drapeaux ukrainiens brandis dans nos manifestations, il y a une explication très claire : 87 % des Géorgiens déclarent que la guerre qui a lieu en ce moment en Ukraine est aussi notre guerre. De nombreux Géorgiens se battent actuellement en Ukraine. Nous savons tous que le sort de la Géorgie se jouera également sur le front ukrainien. Nous sommes tous ensemble dans ce combat, contre un seul ennemi.

Pourtant, l’ennemi des Géorgiens qui manifestent est au pouvoir du pays…

Le parti Rêve Géorgien n’a pas été élu par les citoyens en tant que parti pro-russe, et les Géorgiens ont clairement et massivement exprimé leur volonté de rejoindre l’Union européenne depuis un certain temps déjà. Le gouvernement a prétendu faire tout ce qui est en son pouvoir en ce sens. Ce n’est que lorsque la Russie a envahi l’Ukraine que le parti Rêve Géorgien a explicitement commencé à tenir un discours anti-occidental et anti-ukrainien.

Ils nous menacent bien sûr en disant que la Géorgie peut devenir un deuxième front de guerre et qu’ils sont les seuls à pouvoir assurer la paix. Bien sûr, la population s’inquiète de cet argument, d’autant que nous avons connu plusieurs guerres avec la Russie au cours des trente dernières années. Pourtant, nous sommes tous conscients que ce que le parti au pouvoir appelle la « paix » consiste, en réalité, à nous vendre à la Russie. La Géorgie est en train d’être cédée à la Russie. Ce n’est pas ça, la paix, pour les Géorgiens.

Comment expliquer que le soulèvement se soit produit après le vote de la loi sur les agents étrangers ?

L’année dernière, ils ont déjà essayé de présenter une loi sur les agents étrangers [qui désignerait toutes les ONG et les médias recevant des fonds de l’étranger comme des « organisations exerçant une influence étrangère » N.D.L.R.] au Parlement. Les Géorgiens sont des manifestants plutôt timides, tout le monde a donc été surpris de constater que les gens descendaient soudain d’eux-mêmes dans la rue. Le gouvernement a été surpris et nous aussi, les partis d’opposition.

Vous savez, les Géorgiens ont cette caractéristique que nous appelons l’intuition nationale. Nous avons immédiatement compris que cette loi allait mettre un terme à notre trajectoire européenne et c’est pourquoi la population a su qu’elle devait se mobiliser.  En ce sens, il s’agit presque d’un coup d’État constitutionnel commis par le parti Rêve Géorgien. L’article 78 de la Constitution géorgienne stipule que tous les niveaux de l’autorité géorgienne doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faire avancer la Géorgie sur la voie de l’intégration à l’Union européenne. Lorsque les cadres constitutionnels sont bafoués par le gouvernement, le peuple doit réagir.

Au-delà des similitudes avec la législation sur les agents étrangers qui existe en Russie, qu’est-ce qui fait de cette loi, comme l’appellent les Géorgiens, une « loi russe » ?

La Russie marque ainsi son territoire, sa zone d’influence. L’année dernière, le gouvernement géorgien n’a pas réussi à faire passer cette loi, mais elle a été adoptée en Serbie, au Kirghizstan et dans les territoires occupés par la Russie, en Abkhazie. Il est vital pour la Russie de contrôler la Géorgie afin de contrôler les Caucase et d’éliminer l’influence occidentale de la région.

Il y a un an, notre gouvernement prétendait que cette loi était une question de transparence, mais aujourd’hui, la figure de proue du parti Rêve Géorgien, l’oligarque Ivanichvilli, déclare que toutes les ONG sont des agents occidentaux qui sont ici pour orchestrer un coup d’État dans le pays. Notre Premier ministre affirme désormais que les Américains préparent une révolution violente en Géorgie. Ils suivent le script de Moscou, que nous ne connaissons désormais que trop bien.

Pour les Géorgiens, le combat pour intégrer l’Europe a déjà été très long et très dur. Comment expliquer cette détermination ?

C’est désormais la première fois dans l’histoire de la Géorgie que l’Europe se dit prête à nous accueillir et accorde le statut de candidat au pays. Nous sommes conscients que nous n’avons jamais été aussi proches de l’intégration. C’est pourquoi toute la nation sait que la voie suivie désormais par le gouvernement est une trahison. Il suffit de regarder les réformes géorgiennes des années 2000. Nous avons fait des choses spectaculaires à cette époque, y compris l’éradication de la corruption. Nous ne cherchons absolument pas à devenir un fardeau pour les Européens. Notre peuple est beaucoup plus avancé que le gouvernement.

René Léonian, un pasteur en Arménie et en Russie

Depuis plus de 30 ans, le pasteur René Léonian parcourt l’Arménie et la Russie. Le 24 avril dernier, pour le 109è anniversaire du génocide arménien, il se trouvait en Russie. Interview à quelques jours de la remise de sa médaille de la Légion d’Honneur par le Premier ministre Gabriel Attal.

Entreprendre.fr – Publié le 03/05/2024 · · Antoine Bordier

Vous êtes depuis quelques jours en Russie, pour commémorer le génocide des Arméniens perpétré par le gouvernement des Jeunes Turcs en 1915. Racontez-nous ce qui vous lie à la Russie où vivent plus de 2 millions d’Arméniens.

Oui, je suis en Russie depuis plusieurs jours. La communauté arménienne y est très importante. Cette fois-ci, ma visite pastorale m’a conduit dans plusieurs villes où les Arméniens sont très nombreux : à Sotchi, Krasnodar, Armavir, Saint-Pétersbourg et, bien-entendu, Moscou. J’ai toujours été fasciné par ce pays. Mon premier voyage à Moscou et à Saint-Pétersbourg remonte à 1981, à l’époque soviétique. Pendant plusieurs années, j’ai, également, accompagné des groupes de touristes en Arménie soviétique. Moscou était un passage obligé. J’ai visité un certain nombre de régions et j’espère découvrir la Russie plus à l’est, en allant prochainement en Sibérie.

J’imagine que vous ne faites pas que du tourisme, n’est-ce pas ?

Évidemment, non. L’important est de rencontrer les gens et d’avoir un partage ouvert et sincère. Je suis un pasteur, ne l’oubliez pas. On aborde à la fois les questions de société et les besoins spirituels. L’essentiel réside dans l’écoute réciproque. Le 24 avril, j’ai participé aux commémorations du génocide des Arméniens. Le matin, un recueillement nous a réunis dans la magnifique Église apostolique arménienne de Moscou. J’ai participé au dépôt de fleurs au monument du génocide. L’après-midi, une rencontre, organisée par l’association des Arméniens de Russie et la Municipalité de Moscou, a eu lieu dans la salle des congrès de l’hôtel Président. Plusieurs intervenants arméniens et russes ont rappelé les événements de 1915, tout en faisant un parallèle avec la situation actuelle de l’Arménie dans le Caucase.

Lire la suite de l’article sur Entreprendre.fr

Commémoration du Génocide des Arméniens – Un moment de grande émotion à Biarritz – 24 Avril 2024


Allocution de Clément Parakian, président de AgurArménie

Allocution de Monsieur Fabrice Rosay, sous-Préfet de Bayonne

France3 Euskal Herri Pays Basque


Les « Lamentations d’Adana » animées par de jeunes danseuses déposant des bougies devant la stèle

Diaporama 1 – Photos et vidéos de la cérémonie

Diaporama 2 – Photos et vidéos de la cérémonie

Commémoration du Génocide des Arméniens à Biarritz – Mercredi 24 Avril 2024

Retransmission du journal de France3 Euskal Herri Pays Basque
(report à 1min49)




Jacques Zenguignan – Porte drapeau de l’association AgurArménie

Allocution de Clément Parakian, président de AgurArménie

Allocution de Monsieur Fabrice Rosay, sous-Préfet de Bayonne

France3 Euskal Herri Pays Basque
Vidéo YouTube


Les « Lamentations d’Adana » animées par de jeunes danseuses déposant des bougies devant la stèle

La Foi des Montagnes – Sur la route de l’exode des Arméniens du Haut-Karabagh

KTOTV 22/04/2024

« La Foi des montagnes » est la chronique de l’exode tragique de ces chrétiens de l’Artsakh. À travers des rencontres avec des déplacés et leurs familles, de Goris, première ville d’Arménie sur le chemin de l’exil, jusqu’à Erevan, en passant par le centre d’accueil de Kornidzor, le documentaire montre comment les Artsakhiotes tentent de se reconstruire, soutenus par leur foi et par leur attachement profond à l’Église apostolique arménienne qui s’est engagée à leurs côtés pendant le conflit.

Ce film rappelle également le contexte historique et géopolitique dans le Sud Caucase en dressant des parallèles entre la période actuelle et les évènements liés au génocide de 1915. Enfin, il alerte sur les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’ensemble de l’Arménie et sur son héritage chrétien, dans la ligne de mire des poussées expansionnistes azerbaïdjanaises.

Une coproduction 1001 Bornes Production/PARCE QUE PRODUCTION/KTO 2023 – Réalisée par Thibault La Flaquière et Erwan Loussot

Arte France TV – Invitation au Voyage – En Arménie, un poète russe loin de l’œil de Moscou

Linda Lorin nous emmène à la découverte de notre patrimoine artistique, culturel et naturel. 
Arte TV disponible jusqu’au 27/95/2024
Voir un raccourci en Vidéo disponible au-delà de cette date

En Arménie, un poète russe loin de l’oeil de Moscou
L’Arménie aura offert à Ossip Mandelstam la promesse d’un monde nouveau. Ce poète russe est l’un des plus sensibles et des plus talentueux de la génération d’artistes qui a vu naître l’URSS au début du siècle dernier. En Arménie, loin de l’oeil de Moscou, le poète avide de liberté cherche à échapper aux heurts de la modernité soviétique. Fou de l’Arménie, de ses paysages et de sa culture millénaire, le livre qu’il y consacre est l’un de ses tout derniers.

Réalisation : Fabrice Michelin
Présentation Linda Lorin
Pays France
Année 2023

Bonne fête de Pâques

C’est en effet la fête la plus importante de l’Église Apostolique arménienne, dans un pays qui fut le premier État à adopter le christianisme comme religion officielle en l’an 301.

Elle est la célébration majeure de l’Église universelle. Cette fête est le symbole du retour à la vie, un jour de joie où l’on célèbre la famille, les ancêtres et le foyer.

Vous pouvez réécouter la très intéressante émission « Chrétiens orientaux » de S. de Courtois sur France-Culture

Vous trouverez sur le site d’AgurArménie des recettes de Pâques et d’autres recettes de cuisine arménienne

Qui se souvient des Arméniens d’Artsakh ? – Article de Sylvain Tesson – Figaro Magazine vendredi 29 Mars 2024

Figaro Magazine – Article de Sylvain Tesson – Photos d’Antoine Agoudjian

La violoncelliste Astrig Siranossian devant le monastère arménien de Tatev, à quelques kilomètres de la frontière avec l’Azerbaïdjan. COPYRIGHT: ANTOINE AGOUDJIAN pour Le Figaro

À l’est de la piste du petit aéroport de Kapan, sud de l’Arménie, région du Syunik, les pentes s’élèvent, rapides, vers le ciel sombre. Les montagnes sont tombées sous le contrôle de l’Azerbaïdjan. Les drapeaux azéris ne flottent pas ce soir sur les crêtes parce qu’il pleut. « Quand ils claquent, c’est la torture », dit M. Haroutiounian, sous-préfet de la région. Il y a six mois, en septembre 2023, des troupes azéries, chauffées par trente ans de discours d’État, s’emparaient du Haut-Karabakh (Artsakh pour les Arméniens) et le nettoyaient, selon le terme du président Aliev.

Ce petit plateau fertile, arménien depuis deux millénaires, se trouvait enclavé sur le territoire azéri, au terme d’un siècle de tripatouillage soviétique et de conflits frontaliers récents. Pour la première fois dans l’Histoire, la continuité de la présence des Arméniens sur la terre d’Artsakh était rompue. La continuité est l’affiliation des corps à un sol. « Que peu de temps suffit pour changer quelque chose », écrit le Hugo de la Tristesse d’Olympio. En l’occurrence, il fallut trois jours.

Une civilisation

Depuis deux mille ans, des Arméniens cultivaient la terre de l’Artsakh. Mais l’éternel retour est l’autre nom de l’Histoire et l’actualité, la répétition d’un même récit. L’Arménien bâtit, le cavalier déboule : voilà la vieille rengaine de l’Artsakh. Les morts y reposaient. La vigne se chargeait de la circulation des pensées. Les cloches du monastère de Chouchi battaient la mesure. Cette tresse du paysage, des hommes et du ciel s’appelle une civilisation. Parfois, rideau. Préalablement, de décembre 2022 à septembre 2023, pendant neuf mois, l’Azerbaïdjan avait soumis les 100.000 Arméniens de l’Artsakh à un blocus intégral. Les affameurs avaient cru que les Arméniens quitteraient les lieux, poussés par la famine. C’était sans compter la noblesse d’âme. Aliev n’avait pas prévu cela. Comment aurait-il pu ? Les Arméniens restèrent.

Les Artsakhiotes ont le sentiment de revivre le cauchemar des Arméniens chassés de leurs terres par les Turcs en 1915. ANTOINE AGOUDJIAN pour Le Figaro Magazine

Des centaines de morts

Les Azéris revinrent à leur méthode naturelle : le yatagan, c’est-à-dire l’attaque. Les troupes azéries lancèrent l’attaque surprise le 19 septembre 2023. Cent mille Arméniens arrachés à leurs maisons se ruèrent sur les routes pour fuir « le Turc », comme disent les déracinés dont les visages ressemblent à des sabliers cassés. L’exode sema ses centaines de morts sur la route. La force d’interposition russe ne s’interposa pas. L’Europe, prompte aux indignations, ne réagit pas. Bruxelles est trop occupée à commercer avec Bakou. La capitale du petit dragon prometteur va abriter cet automne la COP29. Qu’est-ce qui leur prenait à ces ploucs de l’Artsakh de perturber la World Company ? En trois jours, les habitants de l’enclave rejoignirent la maison-mère. La prochaine proie des Azéris sera-t-elle l’Arménie souveraine elle-même ? Erevan est-elle prête à défendre son territoire ?

La prochaine proie des Azéris sera-t-elle l’Arménie ? Saura-t-elle se défendre ? Dix mille déplacés de l’Artsakh en doutaient: ils ont poursuivi le chemin de l’exil vers la Russie

Dix mille déplacés de l’Artsakh en doutaient : ils ont poursuivi le chemin de l’exil vers la Russie. Les autres vivent précairement, depuis six mois, distribués dans les villages d’Arménie, dans des familles, relogés dans l’urgence. L’État leur a alloué pendant six mois une subvention d’urgence. Cette année, six mois jour pour jour après l’invasion azérie, nous entrons, la violoncelliste française Astrig Siranossian, le photographe Antoine Agoudjian, Jean-Christophe Buisson et moi-même dans l’appartement d’un quartier soviétique d’Erevan. Evguénia, dont le mari est mort au combat, nous ouvre la porte du deux-pièces de 30 m2, loué avec les 120 euros de l’aide d’État. Sa sœur Suzanna et une amie, Luciné, sont avec elle. Quand un Arménien vous reçoit à sa table, il part du principe que vous n’avez rien avalé depuis six jours.

La table croule sous les crêpes aux herbes, témoignage de la profusion perdue. Astrig a apporté de France une bouteille d’Agos (le sillon), un vin rouge produit par sa mère Marie, sur les coteaux d’Areni. Le chagrin arménien sait nager dans le vin. Il y a aussi la mère d’Evguénia, statue muette, sur le canapé. L’Histoire est passée devant ses yeux. Antoine Agoudjian connaît ces regards arrêtés. Il les photographie depuis 2016, à la frontière ou sur la ligne de front. Dans la petite salle commune, le fils d’Evguénia, Never (qui signifie cadeau), 14 ans, se met au violoncelle. Astrig Siranossian l’accompagne sur son instrument dont elle fera tout à l’heure justement cadeau à l’adolescent. « Les kakis étaient mûrs, le Turc est arrivé. On a sauté dans une voiture, raconte Evguénia. Avec le violoncelle ».

Never (14 ans) n’a pas voulu quitter Stepanakert sans son violoncelle lors de l’exode en septembre dernier. ANTOINE AGOUDJIAN pour Le Figaro Magazine

Comment ne pas confronter les visions ?

Dans la pièce s’élève en duo l’une de ces mélodies paysannes recueillies par le compositeur Komitas avant que le vent turc emporte la mémoire. Je sais que le choc des civilisations est une lecture simplificatrice de l’Histoire. Mais comment ne pas confronter les visions ? D’un côté, les selfies d’Aliev à Stepanakert, serré dans son costume de satrape oligarchique. De l’autre, une voiture de l’exode, avec un violoncelle sur le toit. Non loin, nous poussons la porte du SPFA (Solidarité protestante France-Arménie), structure accueillant des jeunes femmes francophones. Une quinzaine d’entre elles, enfuies de leur pays perdu, racontent les événements de septembre.

On demande à Kristina ce qui lui manque le plus de sa vie en allée. On s’attend à ce qu’elle évoque le confort de sa maison. Elle dit: « Nos tombes »

es frères, les pères, les fiancés de ces filles sont morts au combat en 1994, 2016, 2020, 2023. Pendant la guerre des 44 jours, en 2020, beaucoup d’hommes tombés au combat n’avaient pas 21 ans. On demande à Kristina – yeux de charbons, pupilles en feu – ce qui lui manque le plus de sa vie en allée. On s’attend à ce qu’elle évoque le confort de sa maison. Elle dit : « Nos tombes ». Puis quitte la pièce, étranglée d’émotion. Plus tard, Nona, voyageuse sans bagage nous dira : « Je ne veux pas que mon fils enterré reste sous les pieds de ces gens. » Ainsi en va-t-il des réfugiés de l’Artsakh. Ils ne désirent pas vivre mieux ailleurs. Ils veulent rentrer mourir chez eux. C’est une spécificité notable chez ces exilés-là.

Les étudiantes artsakhiotes francophones se retrouvent à Erevan, dans le club de lecture de la SPFA. ANTOINE AGOUDJIAN pour Le Figaro Magazine

Le Syunik sous la menace

Nous roulons vers le Syunik, région de l’Arménie australe dont les Turcs voudraient faire le couloir de communication entre la région anatolienne et la profondeur caspienne. Le Syunik est la dernière pièce manquante à Erdogan pour reconstituer son grand puzzle turco-steppique. Dans les montagnes centrales, un camion géorgien a dérapé au sommet du col de la route de Goris, à 2 400 mètres, encastrant son hayon dans les congères. La neige tombe, la route est bloquée. On attend le bulldozer, dépêché d’un village. Il est une heure du matin. Les rafales couchent la neige dans le faisceau des phares. Astrig lit Calligrammes à la lampe frontale.

La poésie, c’est quand le verbe vient à la rescousse du présent. Parfois elle s’y superpose. Apollinaire parle de l’Arménie, sans le savoir, cent neuf ans auparavant : « Le Christ n’est donc venu qu’en vain parmi les hommes ? » Mais il ajoute, plus loin : « C’est pourquoi faut au moins penser à la beauté. » Astrig y pense sans cesse. Elle croit même que la beauté conjure le tragique. Elle ne se sépare pas de son recueil de partitions et fredonne des mesures continuellement, comme si elle lisait la musique dans les portées de la vie, du paysage et des visages, à tout instant.

Lamento

Elle a fondé en 2019 l’association Spidak-Sevane offrant concerts, répétitions et leçons de musique aux jeunes réfugiés. En arrivant à Erevan, il y a deux jours, nous étions allés à Bardak (bordel, en russe), à la fois studio de musique et salle de concert aménagé au premier étage d’un bar. À la nuit tombée, de jeunes réfugiés soutenus par l’association transmuent le chagrin en lamento ou bien ravalent leurs larmes dans les chants de leur vieille jeunesse d’enfants graves. Astrig au violoncelle les entraîne dans un bœuf mi-rock, mi-trad. Ce sont des mélopées steppiques, des électrocutions jazzy, des incantations de décombres ou des prières aux amours mortes. L’un des musiciens sort le duduk, flûte traditionnelle arménienne et arme de dépression massive qui expulse les sanglots repris de l’archet par Astrig.

Nous rencontrons 15 des 184 réfugiés installés à Shinuhayr: destin de déracinés, têtes de déterrés, fronts d’humiliés. Les damnés de la terre, au moins, eux, ont une terre

Il est poignant de la voir, elle, enfant prodige de la France, enfant prodigue de l’Arménie, elle, la musicienne ultra-classe des philharmonies européennes, improviser des sessions musicales avec des jeunes déracinés. Jusqu’à minuit, opération d’expulsion du chagrin et de la pitié à la groovebox et à la corde. Sur la route, la tempête se calme, la caravane passe, le jour revient, nous atteignons le monastère de Tatev. Un téléphérique de cinq kilomètres nous entraîne au sommet du promontoire. L’installation a été financée par le milliardaire Ruben Vardanyan, mécène que les Azéris détiennent en otage avec sept autres personnalités politiques de l’Artsakh (il en a été le ministre d’État, c’est-à-dire le premier ministre, durant le blocus).

Dans l’entrée de la maison communale de Shinuhayr sont affichées les photos des enfants du village tombés sous les balles azerbaïdjanaises depuis 1992. ANTOINE AGOUDJIAN pour Le Figaro Magazine

Astrig s’assied au violoncelle devant le clocher dans un brouillard épais, sulfurique. Elle a revêtu une robe pâle. En 1989, à Berlin, Rostropovitch chantait la liesse au pied d’un mur qui s’effondrait dans les fleurs. Trente-cinq ans plus tard, Astrig donne les mesures d’une thrène « lugubre et fantomatique », comme écrit Beethoven en didascalie d’une sonate. Seule consolation dans cette scène : Tatev a résisté à toutes les invasions, les séismes et les guerres. Il dresse ses croix au-dessus de la rivière Vorotan depuis le Xe siècle. Mais qu’importe ces dates dans un monde où les institutions politiques de l’Europe ne croient plus à la légitimité du Temps ? La musique d’Astrig a transformé le téléphérique en symbole de l’espoir arménien. Suspendues à un fil, les cabines, parfois, percent la couche.

Tous les soirs, des réfugiés d’Artsakh se retrouvent au Bardak, à Erevan, pour chanter leur nostalgie du pays perdu. ANTOINE AGOUDJIAN pour Le Figaro Magazine

Le retour, mais quand ?

Plus tard, dans le village de Shinuhayr, à quelques kilomètres de la frontière azérie, le maire Samuel Lalayan nous invite à rencontrer 15 des 184 réfugiés installés dans son village : destin de déracinés, têtes de déterrés, fronts d’humiliés. Les damnés de la terre, au moins, eux, ont une terre. Le maire nous raconte le chaos de l’arrivée des familles expulsées de leurs champs sans avoir même le temps de comprendre que tout était fini. « Nous étions certains de revenir très vite quand nous avons barricadé nos maisons », dit Hayk. L’intégration de ces réfugiés s’est faite naturellement : l’Arménie accueillait ses frères de la montagne. Agoudjian se souvient de l’exode de septembre 2023 et de la manière dont Erevan avait efficacement mené sa politique d’accueil. « En 1990, nous nous entraînions, mais aujourd’hui, nous avons cédé sous le nombre », dit le vieux Edik courbant sa tête aux cheveux ras.

La Commission européenne veut bien pleurer (un peu) avec Erevan mais continue de commercer (beaucoup) avec Bakou. Sans convenir que signer le contrat avec l’un, c’est signer la mort de l’autre

Quand on demande aux hommes ce que l’avenir signifie pour eux, ils répondent : « Le retour, le retour et seulement le retour. Comment imaginer l’exil alors que nos fils sont enterrés là-haut ? ». Et quand on demande aux femmes de nous chanter une chanson, Nona répond : « Le chant c’est la joie, impossible pour nous. » Sa voisine : « On préfère qu’Astrig joue du violoncelle. » Et une fois encore, l’archet vient au secours. Les Artsakhiotes ne varieront pas. Seul, pour eux, compte le retour. Malheureusement, commence à s’élever une voix dans le pays. Elle ressemble à l’esprit du temps mondial. Six mois après l’amputation de l’Artsakh, une partie de la population arménienne se dégrise de ses élans fraternels. On voudrait oublier cette histoire : on a sacrifié l’enclave, tout devrait s’arranger. « L’État ne distingue plus le statut des déplacés et celui des citoyens de l’Arménie », martèle le sous-préfet de Kapan.

Il ajoute, sanglé dans son costume trois pièces : « L’Arménie est au carrefour des anciennes routes de la soie, elle peut devenir un centre de la paix ! » Traduction : ravalons nos larmes mes frères, business must go on ! Que de promesses pour les entrepreneurs heureux ! Déjà, à Erevan, la veille, le président de la République Vahagn Khatchatourian nous servait la même sotériologie libérale parlant de « carrefour des échanges » avec ruissellement de prospérité pour tous, appelant de ses vœux la reprise du commerce avec la Turquie et nommant « concurrents » ceux-là mêmes qui appellent à l’extermination totale de toute présence arménienne sur la Terre. Il est certes facile, depuis Paris, de désirer romantiquement que les Arméniens continuent le combat sur la brèche. Comment en vouloir à un gouvernement de se lancer dans une politique de développement économique ? Mais avouons que ces cœurs actifs, persuadés du primat de l’économique sur le politique, ressemblent au mouton qui désire négocier avec le couteau.

Samvel Shahramanian, dernier président d’Artsakh. ANTOINE AGOUDJIAN pour Le Figaro Magazine

Prince abandonné

En Europe, le même double discours parachève la tragédie arménienne. La Commission européenne veut bien pleurer (un peu) avec Erevan mais continue de commercer (beaucoup) avec Bakou. Sans convenir que signer le contrat avec l’un, c’est signer la mort de l’autre. Sans avouer que la croissance (séductrice) masque le croissant (conquérant). Tout accommodement avec la partie engagée dans l’extermination contredit pourtant l’amitié. On ne peut pas être en même temps au monastère de Tatev et à la Chambre de commerce de Bakou. Il faut choisir. Ce qui n’est pas un mode opératoire moderne.

Le retour est irréaliste. L’hostilité est totale entre nos deux peuples, il faut renforcer la frontière de l’Arménie souveraine, car les Azéris continueront

Samvel Chakhramanian, président du gouvernement en exil de l’Artsakh

À Erevan, un homme tient un discours lucide, grave, ferme. Il n’a pas le choix. Samvel Chakhramanian, président du gouvernement en exil de l’Artsakh (lire notre interview), occupe un bureau vide dans une petite maison de la capitale, construite dans cette pierre de tuf qui donne sa couleur bistre à toute la ville. La bâtisse de l’époque soviétique abritait l’administration de l’Artsakh avant l’invasion de 2023. Aujourd’hui, le président erre dans le couloir en prince abandonné, assurant l’intérim, c’est-à-dire la dormition. La hampe de bois qui soutient le drapeau de l’Artsakh est brisée. Samvel Chakhramanian ne barguine pas. D’une voix sourde : « Le retour est irréaliste. L’hostilité est totale entre nos deux peuples, il faut renforcer la frontière de l’Arménie souveraine, car les Azéris continueront. »

Pendant quarante ans la politique d’Erevan, trop confiante, préoccupée des seuls impératifs de l’économie, a fait baisser la garde. Les territoires, reconquis sur l’Azerbaïdjan en 1994 furent les lauriers sur lesquels le pays s’endormit. De l’autre côté de la frontière, l’Azerbaïdjan mettait à profit les deux dernières décennies pour réécrire le génocide de 1915, et préparer l’assaut. Nier le passé, venger l’avenir : politique d’Aliev. Samvel, président d’une tour défaite, plus malheureux que le malheur, sait que l’avenir passe par le renforcement de l’armée. Il faut tenir ses lignes, armer les positions, se préparer, prévenir l’attaque. Consolider la défense, en somme. Dans ce monde, les affaires ne suffisent pas. Qui l’écoutera ?

«Que faire ?»

Gabriel Attal, au dîner du Conseil de coordination des institutions arméniennes de France, le 20 mars, à Paris, tenait cette même ligne, martiale et réaliste, répétant que la France ne dérogerait pas à sa mission de soutien à l’Arménie et poursuivrait l’effort au plan militaire. Mais que croire des pétitions d’intention de ces jeunes hommes brillants ? Dès qu’un dirigeant français dit « Plus jamais ça », un Turc se dit au même moment « Recommençons » et un Arménien pense « Ils vont revenir ».

Dès qu’un dirigeant français dit « Plus jamais ça », un Turc se dit au même moment « Recommençons » et un Arménien pense « Ils vont revenir »

À Erevan, dans le cimetière d’Erablur, en pleine nuit, quelques heures avant le retour à Paris, sous une pluie battante, Astrig Siranossian et Antoine Agoudjian visitent les morts de la guerre de 2020. Sur les versants dévalent les tombes frappées du nom des jeunes conscrits, morts sur le front. En bas, bruisse la capitale éclairée. Les tombes ruisselantes atteindront-elles un jour le pied de la colline ? « Il faut rejoindre la marche du temps », pensent les marchands du centre des affaires. « Le temps, c’est nous », disent les stèles. Hovhannès Guévorkian, représentant de l’Artsakh en France depuis 2003 nous guide dans les travées. Il se confie : « Pourquoi sont-ils morts et que faire » ?

Ne pas insulter leur sacrifice en négligeant l’urgence défensive.
La continuité historique, c’est la frontière géographique.
Sylvain Tesson

Le cimetière d’Erablur, à Erevan, ouvert jour et nuit. ANTOINE AGOUDJIAN pour Le Figaro Magazine

Cérémonie Nationale de Commémoration du Génocide des Arméniens à Biarritz – Mercredi 24 Avril 2024 à 11h

La cérémonie aura lieu le mercredi 24 avril 2024 à 11h devant la Stèle de la Mémoire future au Monument aux Morts de Biarritz, Esplanade des Anciens Combattants de Biarritz,
en présence de Monsieur Fabrice Rosay, sous-Préfet de Bayonne , de Madame Maïder Arosteguy, Maire de Biarritz , les officiels et tous les Amis de l’Arménie.

Ce 109ème anniversaire du début programmé de la substitution d’un peuple par un autre est la marque temporelle à jamais indélébile d’un génocide qui a réussi !

Le peuple arménien autochtone, artisan d’une culture incomparable, précurseur de la religion chrétienne a disparu de sa terre originelle en Asie Mineure.
On le retrouve disséminé en particulier en France et ici, au Pays Basque, région sœur de l’Arménie.

Cette journée nationale illustre la grande fraternité qui unit depuis toujours nos deux cultures.

Venez nombreux et diffusez l’invitation

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Quelle époque – Émission de Léa Salamé – 9 mars 2024 – Invité Patrick Fiori

Ce samedi 9 mars, Léa Salamé et Christophe Dechavanne ont reçu Patrick Fiori sur le plateau de Quelle époque ! Les deux journalistes ont été témoins d’un beau moment de télévision.
Voir la vidéo (extrait)

  • Léa Salamé, journaliste, a été émue aux larmes par la surprise de Patrick Fiori, qui a chanté l’hymne arménien « Mer Hayreníq » lors de l’émission « Quelle époque ! » le 9 mars.
  •  Patrick Fiori, de son vrai nom Patrick Chouchayan, a préparé cette surprise pour Léa Salamé pour marquer la sortie de son nouvel album « Le chant est libre », soulignant leurs racines arméniennes communes.
  • Né de parents d’origines corse et arménienne, Patrick Fiori a évoqué les récits de sa famille au sujet du génocide arménien.
  • L’interprète de 4 mots sur un piano a alors partagé son émotion et sa fierté« Ce que j’ai ressenti, c’est surtout les histoires de ma famille, de la maison oubliée du côté du Haut-Karabakh qui aujourd’hui appartient aux Azéris. Des Turcs qui sont entrés dans ce village », a-t-il relaté. « J’ai revu tout ce que mon père m’a raconté sans jamais de haine, sans jamais pointer l’autre ». Le chanteur a révélé que les Turcs étaient entrés dans le village où reposent ses arrière-grands-parents, empêchant ainsi sa famille de s’y rendre. « Je ne peux plus emmener ma famille. Je voulais les amener là-bas, mais je ne pourrai plus jamais« , a-t-il insisté. Il a raconté un moment fatidique dans l’histoire de sa famille : « Les Chouchayan étaient en train de prier, et les soldats ont oublié une maison. » Il a conclu en affirmant : « Je suis un enfant rescapé ».

Rediffusion sur Antene2 jusqu’au 31/08/2024

Entrée des époux Manouchian au Panthéon : « La France reconnaissante vous accueille »

Le résistant d’origine arménienne Missak Manouchian et son épouse Mélinée, accompagnés par 23 compagnons d’armes, sont entrés mercredi au Panthéon, un hommage ultime pour ces combattants de l’ombre longtemps oubliés.

Publié par France24

Par :FRANCE 24 | Stéphanie TROUILLARD le 21/02/2024

« Missak Manouchian, vous entrez ici toujours ivre de vos rêves, l’Arménie délivrée du chagrin, l’Europe fraternelle, l’idéal communiste, la justice, la dignité, l’humanité. Rêve français, rêve universel. Missak Manouchian, vous entrez ici avec Mélinée en poète de l’amour heureux ». C’est par ces mots que le président Emmanuel Macron a rendu hommage au résistant arménien Missak Manouchian pour son entrée au Panthéon, mercredi 21 février.

Accompagnée par son épouse Mélinée, elle aussi résistante, cet ouvrier, poète, militant communiste, exécuté par les nazis, il y a 80 ans jour pour jour au Mont-Valérien, a rejoint le temple républicain. « Missak, vous entrez ici en soldat », a insisté le chef de l’État, rappelant le souhait du résistant d’être considéré comme un membre de l’armée française ayant œuvré pour la Libération de son pays de cœur.

Une affiche « qui ne fortifia que l’amour »

Missak Manouchian et ses camarades sont entrés dans la légende grâce à l’affiche de propagande créée par l’occupant et connue sous le nom d' »Affiche rouge ». Destinée à faire peur à la population en montrant des résistants étrangers à l’air hagard et hirsutes et présentés comme « l’armée du crime », cette affiche les a au contraire transformé en héros. Une « affiche qui voulait exciter les peurs et qui ne fortifia que l’amour », a résumé Emmanuel Macron.

Missak Manouchian, un immigré communiste au Panthéon

Rescapé du génocide arménien, arrêté et fusillé par l’armée allemande, à 37 ans, Missak Manouchian, « accompagné de Mélinée », son épouse, entre au Panthéon.
Par Karim El Hadj et Adrien Sahli Publié le 21 fév 2024 à 7h06

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Fusillé par l’armée allemande, le 21 février 1944, Missak Manouchian, un Arménien âgé de 37 ans, entre au Panthéon « accompagné de Mélinée », son épouse, d’origine arménienne et résistante comme lui. Missak Manouchian a été un des chefs militaires d’un groupe de résistants étrangers en région parisienne commandés par le Parti communiste : les Francs-Tireurs et Partisans – Main -d’œuvre immigrée.

Rescapé du génocide arménien, il débarque en France sans papiers d’identidté au milieu des années 1920. Face à la montée de la xénophobie et du fascisme dans toute l’Europe, il s’engage au début des années 1930 dans les rangs du Parti communiste.

Fin 1943, des policiers français au service de l’occupant allemand finissent par arrêter cet étranger en guerre contre l’envahisseur nazi. Torturé par la police française puis jugé par une cour martiale allemande, lui et un peu plus d’une vingtaine de résistants sont condamnés à mort. En parallèle de ce procès expéditif, le service de la propagande nazi diffuse une affiche taxant ces combattants d’« armée du crime ». C’est L’Affiche rouge que le poète Aragon immortalise quelques années après la fin de la guerre.

Entrée au Panthéon de Missak Manouchian : symbole de l’engagement des Arméniens pour la France

Mercredi 21 février 2024 – Paris, jour historique pour la France, mais également pour l’Arménie. L’entrée de Missak Manouchian au Panthéon est un événement historique pour nos deux pays, une reconnaissance d’un « français non par le sang reçu, mais par le sang versé ».

Cercle d’Amitié France – Artsakh

Missak et Mélinée Manouchian

Le sacrifice de Missak Manouchian témoigne de l’engagement de tous les Arméniens envers la France, au nom de ce lien indéfectible qui trouve ses racines il y a dix-sept siècles.

Parmi les vingt-trois hommes fusillés au Mont-Valérien le 21 février 1944 figurait son ami Armenak Manoukian, natif de Chouchi, ville d’Artsakh tombée aux mains de la dictature azerbaïdjanaise en octobre 2020. Le groupe Manouchian comptait de nombreux autres Arméniens, H. Tebirian exécuté à Trondes, mais aussi H.Karayan, A. Tchakarian, A. Konstantinian, M. Mavian, D. Vosguiritchian, qui furent envoyés à Bordeaux, à Lyon ou en Meurthe-et-Moselle après l’exécution de leur chef.

En plus de leurs actions pendant l’Occupation, les FTP-MOI arméniens d’autres groupes jouèrent un rôle majeur au moment de la Libération, secondant les FFI pour celle de Marseille, aidant au débarquement des troupes alliées à Saint-Tropez et à Toulon.

Outre ceux versés dans les FTP-MOI, des Arméniens de toutes sensibilités et origines engagèrent leurs vies pour la liberté de la France. Environ 100 000 d’entre eux s’enrôlèrent sous les drapeaux des Alliés, principalement en France. Ils avaient déjà été des milliers à servir le drapeau tricolore pendant la Première Guerre Mondiale, sur le sol français, mais aussi au Proche-Orient, dans la Légion arménienne.

Des soldats arméniens soviétiques, dont des Arméniens d’Artsakh, enrôlés de force dans la Wehrmacht après avoir été capturés, s’évadèrent à leur arrivée en France pour reprendre la lutte contre les nazis. Ils contribuèrent à l’anéantissement des Allemands en août 1944 en Lozère, en Aveyron, en Haute-Loire et dans le Cantal, libérèrent des villes ou villages comme Mende, Nîmes ou La Calmette.

La liste serait trop longue à détailler, mais n’oublions pas d’autres Arméniens engagés dans la résistance,tels que la famille de Charles Aznavour, la poétesse Louisa Aslanian morte à Ravensbrück, le commandant Manoukian, chef de la Résistance de Deuil-la-Barre, Louisette Hovanessian-Texier résistante et l’une des premières femmes pilote de course automobile, Anita Conti, première femme océanographe et première femme militaire à bord des navires de la Marine française en 1940.

« Alors que les Arméniens de la République d’Artsakh, défenseurs ardents des valeurs de la démocratie et des libertés fondamentales, ont été chassés de leur pays par la dictature azerbaïdjanaise, la France a un devoir de mémoire mais aussi un devoir de soutien envers ce peuple qui n’a jamais hésité à verser son sang pour elle », déclare François Pupponi, Président du Cercle d’amitié France-Artsakh, invité par le Président de la République à assister à la Panthéonisation.

Contact Presse :
Annabelle Jacquemin-Guillaume
annabellejg@famaconseil.com

A PROPOS : Le Cercle d’Amitié France-Artsakh rassemble plus de soixante-dix élus français avec l’ambition de soutenir la République d’Artsakh dans son combat pour la reconnaissance internationale. Le Cercle promeut une forme de diplomatie parlementaire, complémentaire de la politique étrangère de la France dans la région et des efforts déployés par le Groupe de Minsk de l’OSCE – coprésidé par la France, les États-Unis et la Russie – visant à trouver une solution politique au conflit du Haut-Karabagh.

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Hommage à Missak & Mélinée Manouchian – Mercredi 21 février 2024 à 11h devant la stèle de la Mémoire future au Monument aux Morts de Biarritz

AgurArménie, Association Culturelle France-Arménie du Pays basque, vous invite à participer à l’hommage à Missak & Mélinée Manouchian qui se déroulera devant la stèle de la « Mémoire future » au Monument aux Morts de Biarritz en présence de Madame Pinatel, adjointe aux Anciens Combattants, qui représentera Madame Maider Arostéguy, Maire de Biarritz.

L’Association AgurArménie souhaite vous retrouver nombreux pour cet hommage à ces héros arméniens de la Résistance française.

Hommage à Missak Manouchian et les Émissions sur FranceTV

Nous sommes sur le point d’assister à un moment historique : l’entrée au Panthéon du résistant Missak Manouchian et de sa femme Mélinée, le 21 février. C’est un événement mémorable qui mérite toute notre attention, c’est pourquoi nous vous invitons à suivre de près les documentaires et les détails de la cérémonie qui vous sont présentés ci-dessous :

le dimanche 18 février à 13h15 sur France 2 – « Manouchian », série documentaire de 90 minutes  réalisée par Daniel Rihl et Clément Magnin

le mardi 20 février à 21h10 sur France 2 – « Manouchian et ceux de l’Affiche rouge », documentaire de 97 minutes réalisé par Hugues Nancy et Denis Peschanski

le mercredi 21 février dès 17h10 sur France 2 et Franceinfo canal 27 – Emission spéciale en direct présentée par Julian Bugier, accompagné de Nathalie Saint-Cricq, éditorialiste politique à France Télévisions, et Stéphane Bern. Des invités en plateau et des envoyés spéciaux au Panthéon et au Mont-Valérien (Christelle Méral, Astrid Mezmorian, Sofia Dollé, Anne-Claire Poignard) seront présents pour vous fournir une couverture complète de l’événement.

le jeudi 22 février à 22h50 sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur et france.tv« Missak et Mélinée Manouchian », un film de 52 minutes réalisé par Katia Guiragossian, présenté par « La France en Vrai ». 

La cérémonie au Panthéon débutera le 21 février à 18h30

avec un cortège remontant la rue Soufflot, éclairé aux couleurs du drapeau français. La garde républicaine accompagnera le cercueil jusqu’au Panthéon, où le président Macron prononcera l’oraison funèbre devant 1 200 invités. La musique de Pascal Dusapin accompagnera l’entrée, et le groupe Feu! Chatterton reprendra un poème d’Aragon. Vers 20 heures, les restes du couple rejoindront le caveau XIII avec une plaque honorant leurs camarades. Une veillée funéraire au Mont-Valérien et un hommage populaire dans les rues de Paris sont également prévus.

Cette cérémonie historique sera présidée par le Président de la République, Emmanuel Macron, retransmise en direct dès 17h10 sur France 2 et FranceInfo canal 27.

Source :
Humanité https://www.humanite.fr/politique/emmanuel-macron/manouchian-au-pantheon-voici-comment-se-deroulera-la-ceremonie
France TV Pro https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/64918187 )

Restons unis pour honorer la mémoire de ces héros et pour témoigner de notre respect et de notre reconnaissance envers leur sacrifice pour la liberté.

Manouchian et les héros de l’Affiche rouge

A voir aussi sur YouTube :

Titre : L’affiche rouge    Poète : Louis Aragon (1897-1982)

Vous n’avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.