Après le drame de la guerre, une partie du patrimoine religieux arménien de l’Artsakh (Haut Karabagh) est située désormais dans des régions sous contrôle de l’Azerbadjian. Ces monastères, cathédrales, églises sont des trésors de l’âme arménienne. Que vont devenir la Cathédrale de Chouchi, le superbe monastère de Dadivnak, celui d’Amaras, celui des 3 enfants et tant d’autres églises ?
En Irak, l’association Mesopotamia recense le patrimoine chrétien et Yezidi. Après la destruction de nombre d’entre eux par Daech, le temps de la reconstruction est là. Comment les églises retrouvent leur dignité ? Les fidèles sont-ils revenus ?
Émission présentée par Thomas Wallut. Réalisation : Guillaume Juherian. Avec la participation de Claude Mutafian (Historien), Pascal Maguesyan (Mesopotamia)
L’Arménie, îlot chrétien en région musulmane, est au croisement stratégique des routes commerciales, mais aussi des voies d’invasions. Conflits régionaux, diasporas, horreur d’un génocide, cette histoire mouvementée construit une forte identité.
Claude Mutafian, Docteur en Histoire version modifiée d’un article AOC novembre 2020
Les événements récents du Haut-Karabagh ont trop souvent donné lieu à des interprétations prétendument ‘équilibrées’, comme un jeu de ping-pong, selon le schéma suivant : les Arméniens avaient en 1994 vaincu les Azéris et les avaient expulsés des territoires conquis, mais en 2020 eut lieu le classique ‘retour de balancier’.
Cette symétrie est inacceptable à la lumière des données de la question.
L’arrière-fond historique
À la suite des conquêtes d’Alexandre le Grand se constituèrent plusieurs royaumes à l’est de l’Asie Mineure. Deux d’entre eux bordaient la Caspienne : au sud du fleuve Araxe l’Atropatène, fondée par le général grec Atropatès, et, au nord, l’Albanie du Caucase. Ils jouxtaient à l’ouest l’Arménie, avec sa province orientale, l’Artsakh, qui allait plus tard prendre le nom turco-persan de ‘Karabagh’, c’est-à-dire ‘Jardin noir’.
L’association biarrote a préparé 120 cartons de vêtements chauds et chaussures qui vont être envoyés à Erevan
L’Association Culturelle France-Arménie du Pays basque, AgurArménie, qui avait collecté 1,5 tonne de vêtements chauds et chaussures, a répondu à l’appel à dons lancé par la Fondation Aznavour.
Ainsi, lundi 23 novembre, 120 cartons, sur 7 palettes, sont partis dans en camion vers la région parisienne. Ils s’envoleront prochainement vers l’Arménie dans un avion contenant par ailleurs du matériel médical et des vêtements.
Aide humanitaire d’urgence
Depuis dix ans, AgurArménie est engagée dans des actions humanitaires en Arménie, elle apporte notamment son soutien financier à un dispensaire de l’hôpital d’Ashotsk, situé dans une région montagneuse très pauvre.
Elle a bien sûr relayé le message du Président de la République qui annoncé une aide humanitaire d’urgence pour la population arménienne des réfugiés du Haut-Karabagh. Des dizaines de milliers de réfugiés ont fui les villes qui se retrouvent désormais en territoire azerbaïdjanais.
Proposition de résolution. Article 34-1 de la Constitution. Nécessité de reconnaître la République du Haut-Karabagh
M. Bruno RETAILLEAU (Les Républicains), coauteur de la proposition de résolution
« Le Sénat s’honore à demander la reconnaissance de la République du Haut Karabagh. » Max Brisson
Résolution #HautKarabakh. @BrunoRetailleau: Parce qu’elle a une longue tradition d’amitié avec l’Arménie, la France ne peut tourner le regard. Sur la carte du monde, l’Arménie a une place singulière.Le Sénat s’honore à demander la reconnaissance de la République du Haut Karabagh. pic.twitter.com/rwnYT4Ztcr
En plus des drones qui ont changé la nature du conflit, les Arméniens ont affronté une coalition pilotée par la « deuxième armée » de l’Otan, celle de la Turquie, avec les troupes et les forces spéciales azerbaïdjanaises, les mercenaires djihadistes à la solde d’Erdogan, la technologie israélienne et canadienne (celle des drones kamikazes). Une guerre sophistiquée et extrêmement coûteuse à laquelle ils n’étaient pas préparés. Une guerre barbare dans laquelle les Azéris mutilent les corps et égorgent même les cadavres. Et le monde entier les a laissés tomber.
Un prêtre-héros nommé Hovhanes Ghazaryan
Le monastère de Dadivank est un lieu sacré de l’Artsakh. Il fut bâti entre le IXe et le XIIIe siècle sur la tombe de Saint Thaddée qui évangélisa l’est de l’Arménie au Ier siècle. Son curé n’est pas un prêtre, c’est un héros. Hovhanes Ghazaryan a juré, quand les combats faisaient encore rage, qu’il ne quitterait jamais son monastère. Il a le corps puissant, la voix qui tonne. Victor Hugo en aurait fait un personnage de roman. Sur la façade de son église, il nous montre les khatchkars, croix taillées et ciselées dans la pierre, symboles du christianisme arménien. « Comment les Turcs peuvent-ils dire que cette terre est la leur ? Notre présence est inscrite dans la pierre depuis des siècles ».
Un char de la mission de la paix russe dans l’enceinte du monastère de Dadivank. Lundi 16 novembre.
Quand les Arméniens se hâtent de célébrer les vivants
Ici le sacré est évident et inexplicable. On y mêle indifféremment la religion, la tradition, la coutume, les grands hommes, les figures héroïques, la musique, la cuisine, les festins interminables, l’alcool. Et bien sûr les toasts : la mort surgit si vite qu’il faut se hâter de célébrer les vivants.
Sylvain Tesson, écrivain, auteur de « L’énergie vagabonde » (Robert Laffont, collection Bouquins) et « Un été avec Homère » (tiré de son émission d’été à France Inter) revient d’un reportage au Haut-Karabakh où un conflit oppose l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, face à l’Arménie.
« Mon coeur me porte vers l’Arménie », explique l’écrivain Sylvain Tesson, invité d’Inter mercredi matin. Il revient du Nagorny Karabakh et son reportage doit paraître dans le Figaro Magazine ces prochains jours, assorti d’une tribune signée par 120 personnalités. « Mon coeur me porte vers l’Arménie, pour des raisons qui tiennent à mes affections culturelles, spirituelles, intérieures », poursuit-il. « La France avait un lien d’amitié profonde avec l’Arménie – cette relation n’est pas complètement morte mais elle est en hibernation – et j’y suis parti pour apporter la preuve que nous ne les oublions pas totalement. »
« Il ne s’agit pas d’une guerre de territoire. »
« J’ai vu un peuple mobilisé, un peuple en larme. Des femmes, des hommes, des vieillards qui reprennent des vieux fusils employé en 1994 », raconte l’écrivain. « Ça m’a ému, de voir ce peuple, pour qui il ne s’agit pas d’une guerre de territoires, de défendre un potager. Ce qu’ils défendaient, c’était leur vie sur terre. Ce peuple là a encore le souvenir du Génocide de 1915, orchestré par le voisin turque qui a essayé de les rayer de la carte. Ils savent que se jouer là n’est pas un conflit territorial, mais c’est essayer de ne pas disparaître de la surface de la Terre. »
À propos de ce conflit, Sylvain Tesson regrette le « silence assourdissant qui a régné de la part de l’Europe qui n’a même pas daigné considérer qu’il y avait eu des manquements profonds aux droits de l’Homme et aux Conventions ». « Le président Macron a réagi en pointant le fait que c’était une agression azérie et turque. (…) Et l’exécutif français a également signalé l’emploi de mercenaires djihadistes dépêchés par la Turquie contre les Arméniens. »
« L’Azerbaïdjan est le possesseur du Haut-Karabakh, ça été décidé par Staline, en 1923. C’est leur argument d’ailleurs. Mais je pense que quelque chose est supérieur au droit international et au droit stalinien : c’est l’Histoire, ses préséances, ça s’appelle le passé. » Sylvain Tesson poursuit : « Je considère qu’on ne peut pas appeler ‘droit international’ les dissections cartographiques de Staline. »
« L’Arménie, c’est un royaume chrétien, le premier du monde, même. »
« Malheureusement, la France, qui n’a plus tellement de roman, de récit, de grande idée à offrir à sa société a trouvé la laïcité. Mais quand cela devient l’oubli absolu de son origine et de ses racines, c’est tout à fait terrible. Or la France fût un royaume chrétien et on ne peut rien comprendre à son histoire, son architecture, son art, ses paysages et même sa démocratie si l’on fait l’économie de penser que nous avons été Chrétiens. Et pour cette raison là, nous avons un peu négligé ce qu’il s’est passé là bas. On prend ça pour des confins, le début de l’Orient. Mais non, c’est une échauguette de l’Occident qui fut chrétien et qui est en train de tomber et cela contribue à notre silence », poursuit l’écrivain.
À l’invitation du président de la République Emmanuel Macron, une réunion s’est tenue le jeudi 12 novembre à l’Élysée avec la participation du Fonds Arménien de France, représenté par son président Bédros Terzian, de l’ UGAB, représentée par sa présidente Nadia Gortzounian et sa directrice générale Anouch Dzagoyan, ainsi que la Fondation Aznavour, représentée par Nicolas et Kristina Aznavour. Étaient également présents André Manoukian, Youri Djorkaeff et Me Stéphane Hasbanian. L’ambassadeur de France en Arménie, Jonathan Lacôte, a également participé aux discussions par vidéo conférence.
Le Fonds Arménien de France s’est engagé à mettre l’accent sur l’aide au retour des familles dans leurs maisons et à monter un programme d’action qui puisse entrer en vigueur dès que les conditions de ce retour seront réunies, tout en apportant une assistance aux personnes déplacées.
Si l’Azerbaïdjan continue de saccager les vestiges chrétiens au Karabakh comme elle l’a fait par le passé, ce qui reste du patrimoine immémorial arménien risque de disparaître. Reportage de notre envoyée spéciale en Arménie, Sara Daniel.
C’est un monastère de pierre pris dans la gangue de la forêt du Haut-Karabakh, rouge l’automne, verte l’été. Une merveille de pierre construite entre le IXe et le XIIIe siècle, à 1 100 mètres d’altitude. Le jardin du monastère s’étendait autrefois jusqu’à la rivière Tatare. Il est aujourd’hui grignoté par les bois. La finesse de ses sculptures, la richesse de ses inscriptions en arménien ancien qui couvrent les murs extérieurs en font l’un des monuments artistiques les plus remarquables de l’époque médiévale. Le monastère a été fondé par saint Dadi, un disciple de l’apôtre Thaddée qui a répandu le christianisme en Arménie orientale au cours du premier siècle de notre ère. En juillet 2007, la tombe de saint Dadi a été découverte sous l’autel de l’église principale.
Une famille regarde sa maison qu’elle vient de mettre en feu avant de la quitter, Dadivank, Haut-Karabakh, le 12 novembre. LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »
Comme un symbole de ce revers humiliant, des Arméniens ont préféré brûler leur maison plutôt que de la voir tomber aux mains des forces azerbaïdjanaises, à la veille de leur arrivée prévue dans certaines zones.
Un journaliste de l’Agence France-Presse a vu des habitants incendier leur demeure samedi matin dans le village de Charektar, dans la zone frontalière avec le Haut-Karabakh dont les troupes azerbaïdjanaises doivent prendre le contrôle dimanche.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan ont signé en début de semaine, sous parrainage russe, un accord de cessez-le-feu mettant fin au conflit. Ce texte consacre les gains de territoires importants obtenus par l’Azerbaïdjan et prévoit la rétrocession à Bakou de territoires supplémentaires.
Avec la déclaration de cessez-le-feu au Karabakh, l’Azerbaïdjan va récupérer des territoires avec une densité exceptionnelle d’un patrimoine architectural, historique, culturel, inestimable, remontant à presque 15 siècles (Tsitsernavank), .. les beaux ensembles monastiques (et leur contenu) de Gandzasar, de Dadivank du IXème au XIIème siècle. Étant donné les destructions opérées précédemment par les autorités azéries (…), la communauté arménienne du Pays Basque et de Gascogne désire attirer l’attention des instances internationales pour éviter les destructions par les azéris comme au Nakhichevan.
Les circonstances terrifiantes dans lesquelles la partie arménienne s’est vu imposer un cessez-le-feu qui l’a obligée à restituer des territoires conquis au prix du sang sont forcément sources de bouleversement, de frustration, voire de colère. Du fait de l’accord tripartite signé entre l’Arménie, la Russie et l’Azerbaïdjan, la République du Haut-Karabakh a été contrainte de céder sur le tapis vert des terres qu’elle avait gagnées sur le terrain, comme Kalbadjar, Aghdam et Latchin. De plus — phénomène peut-être plus grave —, «l’Arménie indépendante» perd la maitrise absolue de ses frontières sur son flanc occidental avec le Nakhitchevan et oriental avec l’Azerbaïdjan, dont la défense et le respect seront assurés par des forces russes. Dans le prolongement toutefois de ce qui existe déjà…
Ces concessions, y compris territoriales, sont-elles pour autant aussi catastrophiques qu’elles le paraissent? Justifient-elles le ton aussi triomphaliste que criminel du dictateur Ilham Aliev qui a déclaré sans ambage «j’avais dit qu’on chasserait (les Arméniens) de nos terres comme des chiens, et nous l’avons fait»? Sont-elles aussi de nature à fonder l’enthousiasme d’Ankara qui salue la «grande victoire» de l’Azerbaïdjan, au motif qu’il a «reconquis des terres occupées depuis trente ans»?
Qu’il soit permis d’en douter. Tout d’abord les déclarations d’Aliev constituent une reconnaissance de fait de la République du Haut-Karabakh, entité non azerbaïdjanaise et dont il renoncerait donc à «chasser les Arméniens». Ensuite, Bakou a été obligé d’accepter une présence militaire russe sur un territoire qu’il dit sien. Ce qui représente pour le moins une humiliation eu égard à sa souveraineté revendiquée. Enfin la partie turque est totalement absente de cet accord dont le grand gagnant est Poutine, lequel restaure sa main-mise sur sa chasse gardée du Sud Caucase.
A cet égard, on ne peut que s’étonner que le régime Aliev, qui était en train de conquérir Chouchi après avoir réalisé toute une série d’avancées sur le plan militaire, ait consenti à cette concession sur son autorité. Ce recul ne s’apparente-t-il pas à une forme de capitulation, si ce n’est d’hommage à la résistance arménienne, qui en dépit d’un rapport de force caricaturalement inégal, a réussi à tenir tête pendant six semaines à l’armada turco-djihadisto-azérie et à lui infliger de très lourdes pertes?
L’Arménie a besoin de sérénité pour sortir de l’épreuve terrifiante qu’elle est en train de subir. Elle ne peut se permettre d’ajouter de la crise à la crise, et encore moins de laisser quelque puissance que ce soit décider du sort de ses dirigeants légitimement élus, le Premier ministre en tête. Enfin, les moments dramatiques que nous venons de traverser renvoient une fois de plus à la solitude de l’Arménie face à la barbarie. Ils nous rappellent à nos devoirs pour battre en brèche l’indifférence et faire valoir la responsabilité de protéger le peu qu’il reste du peuple arménien sur ses terres. En ce sens, le slogan de la reconnaissance est plus que jamais d’actualité.
Des centaines d’Arméniens ont protesté contre l’accord de paix avec l’Azerbaïdjan, dans les bâtiments du gouvernement, à Erevan, le 9 novembre. LAURENT VAN DER STOCKT pour « LE MONDE »
« Le 9 novembre, le président de l’Azerbaïdjan [Ilham Aliev], le premier ministre de l’Arménie, [Nikol] Pachinian, et le président de la Fédération de Russie ont signé une déclaration annonçant un cessez-le-feu total et la fin de toutes les actions militaires dans la zone du conflit du Haut-Karabakh à partir de minuit le 10 novembre, heure de Moscou », a dit Vladimir Poutine
Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, avait annoncé quelques minutes auparavant sur sa page Facebook la signature de cet accord : « J’ai signé une déclaration avec les présidents de Russie et d’Azerbaïdjan sur la fin de la guerre au Karabakh », qualifiant cette initiative d’« incroyablement douloureuse pour moi et pour notre peuple »
Dès l’annonce de cet accord, une foule de milliers de manifestants en colère s’est rassemblée aux abords du siège du gouvernement arménien. Des centaines d’entre eux ont pénétré dans les locaux, brisant des vitres et saccageant des bureaux, notamment une salle de conseil des ministres, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) sur place. « Nikol est un traître », ont notamment scandé les manifestants.
Une défaite militaire dans le Haut-Karabakh a de quoi menacer l’avenir du premier ministre arménien, porté au pouvoir au terme d’une révolte populaire en 2018. Dix-sept partis d’opposition, dont certains des plus importants, avaient réclamé avant même l’accord de fin des hostilités la démission de M. Pachinian et de tout son gouvernement.
Avec près de 70 000 Artsakhiotes ayant fui les zones de combats pour se réfugier en Arménie, dans le dénuement le plus total, on assiste à l’une des plus graves crises humanitaires de ces dernières années. Ils sont accueillis tant bien que mal par les autorités et les organisations caritatives locales, submergées par cet afflux de migrants, cherchant refuge dans un pays qui est, par ailleurs, sévèrement frappé par la pandémie du Covid 19.
Christian Makarian Journaliste et Chroniqueur TV Guillaume Perrier journaliste et spécialiste de la Turquie Harout Mardirossian
Vincent Duclertest historien, chercheur au Cespra (EHESS-CNRS) et enseignant à Sciences Po. Il est notamment l’auteur de La France face au génocide des Arméniens (Fayard, 2015), et, avec Hamit Bozarslan et Raymond H. Kévorkian, de Comprendre le génocide des Arméniens de 1915 à nos jours (Tallandier, 2015 et 2016)
Revue des Deux Mondes –Dans votre « Bloc-Notes » du Point paru jeudi 29 octobre, vous appelez l’Europe à venir au secours de l’Arménie. Que peut faire l’Europe concrètement alors qu’elle est incapable de parler d’une même voix en politique étrangère (on l’a vu récemment sur l’expansionnisme turc en mer Méditerranée face à la Grèce où Emmanuel Macron était bien seul) ? Comment peut-elle faire pression sur l’Azerbaïdjan et la Turquie ?
Bernard-Henri Lévy Je ne sais pas. Mais elle peut, en tout cas, dire le droit. Dire, aussi, où est son âme et où sont ses principes. L’Europe s’est bâtie, je le rappelle, sur le « plus jamais ça » du crime contre l’humanité et du génocide. Or le peuple arménien est le premier, il y a un siècle, à avoir vécu dans sa chair le crime contre l’humanité et génocide. Donc, il n’y a pas à barguigner. Il n’y a pas à discuter. L’Europe, sauf à être infidèle à ses fondations et à elle-même, doit se ranger aux côtés des Arméniens. C’est comme ça.
Article publié le 29 octobre 2020 par eglise.catholique.fr édité par la Conférence des Évêques de France
Le 27 septembre, le conflit a repris entre les forces azerbaidjanaises et les forces arméniennes de la république autoproclamée du Haut-Karabakh, peuplée majoritairement d’Arméniens mais officiellement incorporée en Azerbaïdjan. Ces deux anciennes républiques soviétiques du Caucase s’opposent dans des combats meurtriers. Expert du Caucase et du Moyen Orient, Tigrane Yégavian, chercheur et journaliste, auteur de Minorités d’Orient, les oubliés de l’histoire (mention spéciale du Prix littéraire de l’Œuvre d’Orient) nous livre son éclairage sur les enjeux géopolitiques de la région.